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vendredi 3 mai 2013

Je l'ai encore croisée



Quand on laisse passer sa chance, on se dit qu'on ne fera plus la même erreur. Mais quand le destin repointe le bout de son nez, tu vois bien que tu n'as pas changé. Sclérosé, paralysé, comme le lapin dans les phares du camion, le temps de réaliser, tout est déjà terminé. Je l'ai encore croisée, c'était dans le métro, encore une fois. La première fois, un grand hasard, une rame ratée, sortie tardive, ont fait que j'arrive en face d'elle. Elle assise, moi debout, pendant cinq ou six stations. Regards qui se croisent, sans mot dire, regard fuyant mais insistant. Vouloir voir sans être vu, et vu sans regarder, mais avec l'espoir de l’œil attirer. Quelques minutes qui te font vieillir d'un siècle. Et à la fin, un simple sourire, qui ne pourrait vouloir rien dire, mais que tu interprètes tant. Un coup de couteau dans le cœur, tu ne sais même plus ou tu habites. Sur le chemin du retour, tu ressasses ça dans ta tête, tu fais le tour de la question, regrette ton inaction. Si peu d'espoir de rédemption, moins d'une chance sur un million. Si la chance sourit aux audacieux, elle n'est pas tendre avec les couards. Alors le temps passe, passe, chaque jour un peu plus vite. Et avec chaque jour qui fuit, tu finis par oublier cet instant de paradis qui change ta vie en enfer. Mais l'histoire ne s’arrête pas là, la vie est bien trop peau de vache, car torturer un cœur brisé, lacérer un corps meurtri, c'est bien là son grand hobby, la passion de la roue qui fait tourner nos vies. Au même arrêt qu'il y a un mois, elle est venue se planter devant moi, sans raison particulière, si ce n'est pour voyager. Les mêmes regards, mais le temps a passé, et il a encore passé, moi à me demander, si bien il se pourrait, que la chance l'ait ici placée. Sans mot dire, et pourtant, l'émotion se transmet. Entre doute et espoir, on guette un signe du destin, on recherche ce sourire sans pour autant le trouver, et quand l'heure des adieux muets arrive, le temps des aurevoirs tacites, on en vient à redouter. Cette fois-ci elle s'en va sans se retourner, l'air perdu, elle pourtant habituée à fréquenter ces lieux si mal famés. Alors tu penses, tu doutes, tu réfléchis, tu te dis que ce n'était pas elle car elle aurait souri, mais alors pourquoi près de moi serait-elle alors venue ? Alors tu penses, tu penses et tu écris.

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