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jeudi 22 octobre 2015

Cher Automne,



Automne, mon cher cancer,

Pourquoi a-t-il fallu qu'encore cette année tu reviennes ? Tu sembles apprécier jeter le froid sur ma vie, mes envies et ma ville. Une fois de plus, je ne t'attendais pas, et pourtant ton arrivée j'appréhendais. Tel le vieillard craignant le trépas, à cause de son inéluctabilité, mon poil se hérisse à la fin de l'été. Ton courant d'air me parcourt l'échine, alors je sais que par chez moi tu viens traîner tes grolles. Lourde est ta démarche, dénué de subtilité tu viens subtiliser la chaleur qu'en moi les beaux jours avaient amenés.

Je te tiens toujours responsable pour le chaos dans ma vie, puisqu'il sied toujours de blâmer un triste sire pour la morne vie que l'on subit. Il n'est pas plus triste que toi en ce bas monde. Toi, qui paré de gris, apporte la mort à toute vie qui par avant s'était épanouie. Rien par toi ne naît, si ce n'est la fin, tu n'es pas signe de renouveau car c'est ton départ qui sème les graines de la renaissance.

Chaque chose un jour s'éteint, et c'est bien malgré moi que j'en suis conscient. Ta présence nauséabonde n'est qu'une piqûre de rappel, la vie n'est pas une ronde, c'est un segment. Les poings serrés, yeux grands ouverts, c'est la ligne droite vers le tombeau.

Ton gris manteau serait appréciable s'il n'apportait avec lui ce lourd fardeau. La temporalité de nos êtres, le malaise dans nos vies, cet irrépressible mal-être. Rien en toi n'inspire la confiance, à ton égard je n'éprouve que méfiance et défiance quand à ton arrivée. Jusqu'au dernier instant je retiens la beauté de l'été.

Jamais je n'ai voué de culte à cet astre solaire, qui un jour pourrait nous abandonner malgré son apparente inépuisabilité. Enfant du soleil, non, je ne le suis pas, il y a bien longtemps je fus par tous délaissé, depuis c'est à la Lune que ma vie j'ai vouée.

Chaque jour un peu plus, tu enveloppes le monde comme mon âme de ton linceul grisâtre. Chaque goutte de pluie est le poison qui dans mes veines coule quand arrive ta saison. Je ne perds pas le nord, mais je perds la raison. Quand déraisonne le tempo des quatre saisons. Et c'est bien toi qui mérite la pendaison, puisque le trouble tu jettes dans nos maisons.

Automne, tu es mon cancer, que je le veuille ou non, avec toi je vivrai, et souffrirai jusqu'à mon oraison.

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